Le voyage d’un minimaliste !

David Picarda, photographe et minimaliste, voyage avec « un sac à dos léger et un esprit léger.” Le minimalisme met en exergue un mode de vie désencombré, simplifié, exempt d’inutilités. C’est un nouveau regard porté sur la société de consommation, une prise de conscience des priorités. Dans le cadre du voyage, réduire le poids de son sac à dos c’est aussi gagner en liberté, en intensité et donc en épanouissement personnel. En interviewant David lors de son trip au Japon, j’ai découvert l’importance du “less is more”(le “moins c’est plus”), de sa démarche éthique et philosophique…

Cette interview a été réalisée dans le cadre de notre défi sur le désencombrement. Retrouvez notre article ici !

Comment es-tu devenu voyageur minimaliste ? Quel a été le déclic ?

Il y a plus d’un an et demi maintenant que je vis de façon minimaliste. Après deux ans passés en colocation en Nouvelle-Zélande, je suis allé à Londres où j’avais déjà habité. Je me suis dit qu’il serait temps de faire comme tout le monde et d’avoir mon appartement à moi ! J’en ai donc loué un. Un an après, je décidais de prendre un nouveau départ et de partir voyager au Japon. Je déménageais donc une nouvelle fois mais cette fois-ci je déménageais nulle part ! Plutôt que de louer un emplacement de stockage pour mes objets personnels, j’ai décidé de les vendre, de les donner à des associations caritatives. Tout a commencé à ce moment là !

Ne commence-t-on pas à vraiment se poser la question de l’utilité des objets en préparant un tel voyage ?

Je ne savais vraiment pas où j’allais en préparant ce voyage, trois mois au Japon c’est long et court à la fois. Ce que je savais, c’est que je ne voulais pas m’encombrer d’une valise, difficile à transporter, et que je prévoyais de bouger tous les deux jours. J’étais du genre à voyager avec énormément de vêtements :  le “Au cas où !”. J’ai donc tapé sur Google : “Comment préparer un sac à dos” et je suis tombé sur des sacs tellement petits que cela m’a vraiment fait sourire. Il y a tellement de choses que l’on veut emmener avec nous en voyage car elles nous rassurent ! Un dimanche, j’ai ouvert mes armoires, sorti ce petit sac et me suis dit que cela ne coûtait rien d’essayer. J’ai fait une pile des objets/fringues dont je ne me servais pas et une pile de ce qui me semblait indispensable pour mon voyage. Au début tout vous paraît indispensable, mais évidemment j’en avais beaucoup trop et cela ne rentrerait jamais dans mon sac. J’ai dû me séparer de choses qui à l’époque me semblaient essentielles. Je vis sans toutes ces choses depuis plus d’un an et demi. J’avais une collection de 80 t-shirts, je n’en ai gardé que 3 ! Aujourd’hui ma vie matérielle tient dans un sac de 38 litres.

L’idée est-elle d’aller à l’essentiel ? D’être moins centré sur les choses matérielles ?

Lorsque nous réalisons tout l’attachement psychologique et sentimental que nous portons aux objets, le temps que nous passons à vouloir tel ou tel objet, le temps passé à travailler pour l’acheter et pour qu’il finisse en général au fond d’une armoire, oui, l’idée est clairement d’aller à l’essentiel et d’avoir plus de temps à consacrer aux personnes que l’on aime, aux gens qui nous entourent, aux nouvelles rencontres… C’est ce que j’ai découvert durant mon premier voyage : posséder moins me permettait, non seulement de porter moins, mais aussi de profiter plus. Davantage de temps et moins de choses à penser, moins de choses à se soucier. En clair, lorsque vous supprimez la possession de l’équation, tout devient beaucoup plus simple et cela vous donne des choix que vous n’aviez pas avant.

Envisager de partir en voyage ainsi, ça fait forcément prendre un tournant au quotidien. As-tu changé tes habitudes ?

Toutes mes habitudes ont changé, la façon dont je me nourris, dont je m’habille, dont je me lave, la façon dont je me réveille ou je m’endors… Ce qui a changé fondamentalement c’est la façon dont j’utilise mon temps chaque jour. Je lis plus, je crée plus, je fais plus de sport, je favorise également beaucoup plus les rapports sociaux.

Photo / David Picarda, Mont Fuji

En somme, es-tu devenu minimaliste, même lorsque tu n’es pas en voyage ?  

Oui, je pense qu’aujourd’hui je peux dire que je suis minimaliste et que je le vis au jour le jour. Après ce voyage, je suis retourné avec mon petit sac à Londres où j’ai opté pour une chambre Airbnb dans laquelle j’ai vécu quatre mois de façon minimaliste.

Je suis maintenant de retour au Japon où je vis dans un petit hôtel très minimaliste avec beaucoup de parties communes incluant salle de bain et toilettes, c’est parfait. À l’occasion de ce nouveau voyage, j’ai refait le bilan et réorganisé mon sac : j’ai enlevé un tiers de sa capacité car il était encore trop lourd !

Photo / David Picarda

Est-ce facile de se déshabituer de notre société de consommation ou est-ce un défi de tous les jours ?

Le plus grand défi fut de se séparer d’énormément d’objets auxquels je tenais, mes meubles, mes fringues, mes bouquins, mon univers en somme. À chaque fois que je mettais un objet dans un carton pour le donner, le vendre, ou tout simplement pour le jeter, cela a été très dur, enfin au début. Assez rapidement, j’ai ressenti un sentiment plutôt nouveau, un sentiment de satisfaction, spécialement quand je donnais mes objets, mes meubles, à des associations caritatives.

Aujourd’hui, je peux dire qu’aucun de ces objets ne me manque. J’ai récemment fait l’acquisition d’une très petite caméra. Est-ce essentiel ? Non, cependant j’aime faire de la vidéo et de la photo et cela m’a fait plaisir de l’acheter. Pour moi, être minimaliste ce n’est pas se priver, au contraire c’est se donner la liberté de choix. J’ai une règle cependant : tout ce que je possède doit tenir dans mon sac de 38 litres !

Le plus frappant lorsque l’on change de mode de vie c’est le nombre de déchets que l’on produit journalièrement. Au début, par souci de gain de place je l’avoue, j’ai cherché des solutions pour transporter un nécessaire de toilette petit et efficace. J’utilise une brosse à dent en bambou, des pastilles qui font office de dentifrice, un savon shampoing, de la crème déodorante et un savon.

Adopter cette nouvelle façon de vivre m’a ouvert les yeux sur le nombre de déchets plastiques que je consommais. Ce n’est pas toujours facile mais j’essaie de le réduire : je refuse systématiquement les sacs, les couvercles des cups à emporter, les pailles… Je favorise les mugs/verres si je reste sur place, etc… Je possède deux sacs plastiques depuis près de deux ans maintenant que je réutilise si besoin. Ce sont certes de petits gestes simples mais ils ont leur importance.

Arrêter d’accumuler les possessions m’a donné l’occasion de prendre réellement conscience que beaucoup de mes actes avaient une incidence directe sur la santé de notre planète.

Photo / David Picarda / Kyoto

C’est une expérience unique, qui doit chambouler, pousser à se remettre en question. Est-ce que l’on s’adapte facilement ? Est-ce que l’on dépasse rapidement ses peurs ?

Au début, lors de la préparation de mon sac minimaliste, je n’ai pas eu de peurs en soi, je pense, plutôt des questions et des doutes auxquels j’ai répondu durant mon premier voyage. Mais très vite, tout devient de plus en plus facile ! Aujourd’hui, je pourrais difficilement faire marche arrière. Ce mode de vie me convient bien.

Peut-on dire que ce style de voyage est la meilleure école de la vie ? (Le chemin, plus important que la destination) Ne reprend-on pas le contrôle sur soi ? N’est-ce pas une forme de liberté ?

Le minimalisme en soi est un voyage. J’ai beaucoup marché durant ces trois mois au Japon et j’ai appris beaucoup sur moi-même durant ces moments en solitaire. Le minimalisme m’a réveillé en quelque sorte, m’a donné l’occasion d’un nouveau départ hors normes. Quand vous vous asseyez sur votre canapé, regardez autour de vous, fermez les yeux et imaginez que vous ne possédez rien de tout cela. Qui êtes-vous sans tout cela !? C’est la question que je me suis posée et que je me pose tous les jours…  

C’est tout à fait ça ! La liberté !

Photo / David Picarda, Rurikoin temple, Kyoto


Le minimalisme apporte visiblement une structure qui permet d’être libéré·e du matériel : ne plus être possédé·e par les choses mais aller vers ce qui compte réellement. Cette liberté pour certain·es peut être une contrainte pour d’autres. L’important est au moins d’y réfléchir car même si on ne devient pas minimaliste on peut se recentrer, se désencombrer l’esprit, et se débarrasser des choses superflues. Faire focus sur notre essentiel !

Nous retrouverons prochainement David sur les routes de Shikoku, une île du Japon qu’il a décidé de parcourir à pied. 1200 km de marche avec un petit sac à dos de 8 l promet d’être une belle aventure !

Pour suivre David:

Instagram :
https://www.instagram.com/minimalistraveler/

Youtube :
https://www.youtube.com/channel/UCd2h6yBUCJhqyDshP9150tg

Blog :
https://www.davidpicarda.com/minimalist-traveler

6 réflexions sur « Le voyage d’un minimaliste ! »

  1. Merci pour cet interview. Je ne sais pas si je serais capable de tout regrouper dans un aussi petit sac mais j’essaie de faire attention à l’accumulation. Je suis parfois un peu perdue entre le « ne pas craquer car j’en ai pas besoin c’est superflu » et « craquer parce que j’en ai envie ».

  2. Interview très sympa !

    Je commence tout juste le minimalisme. Cela a débuté avec le tri de mes chaussures, puis des affaires de bain. Et le tout avec la volonté de consommer plus écolo.

    Notre société d’aujourd’hui fait que nous nous attachons à beaucoup trop de choses. =)

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